Bien que les deux compagnies ferroviaires aient mis fin au lock-out à la suite de l’ordre du CCRI, Teamsters Canada l’a contesté et a déclaré qu’il le porterait devant les tribunaux si nécessaire.
Samedi, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), nommé pour régler le conflit entre le syndicat des Teamsters et les compagnies ferroviaires CN et CPKC, a ordonné aux deux entreprises de reprendre leurs activités ferroviaires.
Toutefois, la CFTC a avisé le CN que si un nouveau contrat n’est pas conclu avant 10 h, HE le lundi 26 août, ses 6 500 cheminots continueront leur grève.
À la suite de l’ordonnance du CCRI, le Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) a publié une déclaration dimanche, annonçant qu’il redémarrerait ses opérations ferroviaires au Canada à 00 h 01 HE le lundi 26 août.
De même, le Canadien National Railway (CN) a mis fin au lock-out et a immédiatement lancé un plan de relance pour reprendre toutes ses opérations. L’entreprise a toutefois déclaré qu’elle était déçue qu’un accord n’ait pas pu être négocié à la table des négociations.
Le CN et le CPKC ont déclaré qu’il pourrait falloir plusieurs semaines pour reprendre toutes leurs activités, car ils ont commencé à fermer progressivement leurs réseaux il y a plus d’une semaine. Cette action a laissé des expéditions bloquées sur les quais de chargement des clients et dans les ports de tout le pays.
La majeure partie du transport de marchandises au Canada, évalué à plus d’un milliard de dollars canadiens (730 millions de dollars américains) par jour et totalisant plus de 375 millions de tonnes de marchandises l’année dernière, a été paralysée jeudi dernier, sur près de 32 000 kilomètres de voies ferrées, en raison de la grève et du lock-out.
L’arrêt du train a aussi impacté environ 30 000 voyageurs au Canada, étant donné qu’un nombre important de trains empruntent les lignes CPKC.
De plus, la grève des chemins de fer a eu un impact sur les expéditions ferroviaires traversant la frontière américaine, bien que les trains du CPKC et du CN aient poursuivi leurs opérations ferroviaires aux États-Unis et au Mexique. Selon le ministère des Transports des États-Unis (DOT), la valeur des marchandises transportées chaque mois entre le Canada et les États-Unis par chemin de fer s’élève à des milliards de dollars.
Plusieurs petites compagnies de transport ferroviaire de marchandises sur courtes distances qui livrent des expéditions locales au Canada ont continué à fonctionner, mais ne pouvaient pas transférer les expéditions aux chemins de fer CN et CPKC alors qu’ils étaient à l’arrêt.
Les négociations entre les deux compagnies ferroviaires et la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC) n’ont pas permis de parvenir à une entente. La semaine dernière, le gouvernement a donc forcé les deux parties à recourir à l’arbitrage, sous la supervision du CCRI.
Près de 16 heures après le début de la grève des cheminots et une semaine après que des embargos sur les marchandises sensibles et dangereuses ont été ont été mis en place, le ministre canadien du Travail, Steven MacKinnon, a appelé les deux parties à mettre fin à la grève pour éviter un désastre économique.
Deux jours après que MacKinnon a ordonné au CCRI de lancer le processus d’arbitrage, le conseil a décidé que le CN et le CPKC devaient mettre fin à la grève et retourner au travail.
MacKinnon a annoncé la décision du CCRI sur la plateforme de médias sociaux X et a déclaré qu’il s’attend à ce que le CN et le CPKC reprennent leurs activités ferroviaires dès que possible. Il a également noté que les parties étaient dans une impasse pour ce qui est des négociations contractuelles et que les entreprises canadiennes et les relations commerciales étaient en jeu.
La présidente du CCRI, Ginette Brazeau, a écrit dans deux décisions : « Le conseil a conclu que, dans ce cas, il n’a pas le pouvoir discrétionnaire ou la capacité de refuser de mettre en œuvre, en tout ou en partie, les directives du ministre ou d’en modifier les modalités ».
Brazeau a ordonné aux deux entreprises ainsi qu’aux conducteurs, répartiteurs et ouvriers de triage concernés de reprendre toutes les opérations ferroviaires à 00 h 01 lundi.
La CFTC, qui représente plus de 9 000 travailleurs ferroviaires, a déclaré qu’elle se conformerait à l’ordonnance du CCRI et renverrait ses membres au travail. Elle poursuivra néanmoins sa contestation judiciaire de l’ordonnance.
Dans un communiqué, la CFTC a déclaré qu’elle « se conformerait légalement à la décision mais prendra des mesures pour contester cette décision dans toute la mesure du possible ».
« Malheureusement, cela n’apportera pas de soulagement immédiat, mais le syndicat est prêt à faire appel devant un tribunal fédéral si nécessaire », indique également le communiqué.
Paul Boucher, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), a déclaré : « Cette décision du CCRI crée un précédent dangereux ».
« Cela signale aux entreprises canadiennes que les grandes entreprises n’ont qu’à cesser leurs activités pendant quelques heures, infliger des souffrances économiques à court terme, et le gouvernement fédéral interviendra pour briser un syndicat », a-t-il poursuivi. « Les droits des travailleurs canadiens ont été considérablement réduits aujourd’hui. »
De plus, François Laporte, président de Teamsters Canada, a déclaré : « Il ne s’agit pas de désobéir à l’ordre du ministre. Il s’agit d’exercer notre droit ».
« Nous exercerons notre droit dans le cadre légal », a-t-il poursuivi.
À la lumière de la grève ferroviaire au Canada, la compagnie ferroviaire de l’Est des États-Unis CSX a entamé des pourparlers avec 12 syndicats et a annoncé des accords initiaux pour de nouveaux contrats de travail.
Joe Hinrichs, président et directeur général de CSX, a déclaré : « Nous sommes extrêmement heureux d’avoir conclu ces accords provisoires avant le processus de renégociation, ce qui reflète notre ferme engagement à collaborer avec nos partenaires syndicaux ».
« Ces accords témoignent du travail acharné et du dévouement de toutes les parties impliquées, garantissant un avenir brillant à notre personnel et le succès durable des opérations de CSX. Ensemble, en tant que ONE CSX, nous construisons une voie à suivre qui profite à nos employés, à nos clients et aux communautés que nous servons », a-t-il poursuivi.
Cette annonce intervient peu de temps après que les compagnies ferroviaires américaines BNSF et Norfolk Southern ont déclaré qu’elles aussi avaient négocié des contrats anticipés avec plusieurs de leurs syndicats.
Cette décision des compagnies ferroviaires américaines souligne le pouvoir croissant des syndicats et vise à éviter des perturbations similaires aux États-Unis, qui pourraient avoir un impact négatif sur l’économie.
En 2022, les chemins de fer américains ont failli connaître un arrêt de travail suite aux inquiétudes des syndicats concernant les horaires exigeants des travailleurs et les congés de maladie payés. Le président Joe Biden et le Congrès sont intervenus, forçant les travailleurs à accepter un accord et évitant ainsi une éventuelle grève des cheminots.
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