Le CN et la CPKC émettent des embargos en prévision d’une grève des cheminots
Les deux compagnies ferroviaires exhortent le gouvernement fédéral à intervenir alors que les négociations collectives avec la Conférence Ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC) atteignent une étape critique.
Les deux principaux chemins de fer du Canada, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada. (CN) et Canadien Pacifique Kansas City Ltée. (CPKC) prennent des mesures préventives en émettant des embargos et en paralysant les expéditions en prévision d’un risque de grève ou de lock-out des cheminots la semaine prochaine. Cette mesure vise à éviter que des marchandises sensibles et dangereuses ne restent bloquées sur le réseau pendant la perturbation.
Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), qui représente environ 9 300 cheminots, a critiqué les menaces de lock-out, les qualifiant d’« inattendues et inutilement antagonistes ».
Christopher Monette, directeur des affaires publiques de la CFTC, a soutenu qu’avec près de deux semaines de négociations encore à venir, la décision des cheminots constituait une escalade inutile qui compromettait les négociations de bonne foi.
Le CCRI décide que les chemins de fer ne sont pas tenus de maintenir le service
Le 9 août 2024, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a déterminé que le CN et la CPKC ne seront pas tenus de maintenir le service pendant une grève ou un lock-out ferroviaire, car le service ferroviaire n’est pas considéré comme « essentiel » en vertu du Code canadien du travail.
Cette décision a ouvert la voie à un éventuel arrêt de travail, le CCRI ayant ordonné une période de réflexion de 13 jours avant le début de toute grève, le 22 août.
En réponse, la direction de la CFTC a exprimé sa satisfaction face à la décision du CCRI, déclarant dans une lettre : « le conseil a décidé qu’un arrêt de travail chez l’un ou l’autre des transporteurs n’entraînerait pas un danger aussi immédiat et grave. Cela permet de vérifier que les accords conclus précédemment étaient appropriés et corrects. La CFTC considère qu’il s’agit d’une décision réussie qui confirme le droit des membres à retirer des services si nécessaire.
La CFTC a également souligné son engagement à négocier un règlement avec les deux transporteurs, considérant la décision comme un coup de pouce aux efforts de son comité de négociation pour parvenir à un accord.
Dans un communiqué de presse commentant la décision du CCRI, Bridgitte Anderson, présidente du Greater Vancouver Board of Trade (GVBOT), a déclaré que « la décision du CCRI permet un arrêt complet du travail sur notre réseau ferroviaire, ce qui laisserait les Canadiens avec un accès réduit aux biens et aux produits, faisant grimper les prix et aggravant la crise de l’accessibilité ».
« Les moyens de subsistance de millions de travailleurs seront mis en danger alors que notre économie nationale s’arrête », a-t-elle poursuivi.
Les chemins de fer émettent des avertissements précoces de blocage
Le CN a déclaré que si le conflit de travail n’est pas résolu bientôt, il n’aura « d’autre choix » que de commencer une fermeture progressive de son réseau, ce qui mènera ultimement à un lock-out des travailleurs.
De même, la CPKC a émis un avis de lock-out dans une note interne soulignant que l’avertissement précoce est destiné à donner aux clients et aux chaînes d’approvisionnement le temps de se préparer à un éventuel arrêt de travail.
Le CN a publiquement demandé au gouvernement fédéral d’imposer un arbitrage exécutoire dans son différend en cours avec la CFTC, invoquant la nécessité de « protéger l’économie canadienne ».
La CFTC ayant jusqu’à présent rejeté toutes les propositions, les deux sociétés ont exprimé leur volonté d’entrer dans un arbitrage exécutoire pour éviter toute perturbation. Toutefois, les tensions demeurent élevées alors que la CFTC continue de refuser l’arbitrage.
Le CN publie un calendrier d’embargo sur les marchandises sensibles et dangereuses
Compte tenu des défis liés au transport de matières sensibles et dangereuses telles que les matières sensibles à la sécurité ferroviaire (RSSM), les risques d’inhalation de poison (PIH) et les risques d’inhalation toxique (TIH), il est essentiel de donner la priorité à la sécurité et à la conformité réglementaire.
Pour remédier à cette situation, en cas de grève ferroviaire, le CN a imposé un embargo sur tous les expéditions RSSM, PIH et TIH à destination de n’importe quel endroit au Canada et en provenance du Canada ou des États-Unis. Il a émis les mesures suivantes calendrier de son embargo sur les marchandises sensibles et dangereuses :
Type de trafic |
Origine |
Destination |
Statut |
Date d’émission |
Date d’entrée en vigueur |
Tout le trafic RSSM/PIH/TIH, sensible au temps |
canada |
Canada, États-Unis, Mexique |
EMBARGO : préavis de 7 jours avant d’éventuelles actions de grève |
12 août 2024 |
15 août 2024 00 h 01. HNE |
Tout le trafic RSSM/PIH/TIH, sensible au temps |
États-Unis |
canada |
EMBARGO : préavis de 10 jours avant d’éventuelles actions de grève |
12 août 2024 |
12 août 2024 08 h 00. HNE |
Durant cet embargo, les permis de transport de matières telles que le chlore, le brome, l’ammoniac, la chloropicrine et l’éthylène ne seront pas accordés.
Toutefois, les expéditions intermodales et les expéditions de wagons complets d’autres marchandises entre les États-Unis se poursuivront comme d’habitude. Si aucun accord n’est conclu avec la CFTC, le CN pourrait étendre l’embargo pour inclure des marchandises supplémentaires.
Une fois qu’un embargo est émis, il prend généralement effet dans les 48 heures. Si un règlement est conclu ou si un arbitrage est accepté, le CN lèvera ses embargos et reprendra ses activités normalement.
Le CPKC a également annoncé qu’il mettrait sous embargo les produits présentant un risque d’inhalation de substances toxiques, selon son porte-parole, dans une lettre adressée à Supply Chain Dive.
L’impact économique d’une éventuelle grève des cheminots
Selon l’Association des chemins de fer du Canada, le rail est « l’épine dorsale de l’économie canadienne », avec des marchandises d’une valeur de 380 milliards de dollars transportés sur les chemins de fer du pays chaque année. Une grève nationale des chemins de fer pourrait entraîner une hausse des prix des biens essentiels et mettre à rude épreuve l’économie.
La possibilité d’une grève et d’une fermeture du secteur ferroviaire a suscité de vives inquiétudes parmi les groupes d’entreprises et les associations industrielles. Le Conseil canadien des affaires, et près de 100 autres organisations, ont demandé une intervention fédérale immédiate pour prévenir les perturbations ferroviaires.
Les Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC) ont également sonné l’alarme, estimant qu’une grève ferroviaire pourrait coûter aux fabricants en moyenne 275 000 dollars par jour en raison d’une baisse de la production et d’une augmentation des dépenses. MEC a exhorté le comité des transports de la Chambre des communes à tenir une réunion d’urgence la semaine prochaine pour évaluer les effets économiques potentiels d’une grève ferroviaire.
Selon une déclaration de Dennis Darby, président et chef de la direction de MEC : « Il s’agit du problème le plus important auquel l’économie canadienne est confrontée, et tous les députés doivent entendre directement les employeurs parler du chaos de la chaîne d’approvisionnement et des coûts économiques qu’un arrêt de travail ferroviaire à l’échelle nationale imposera à notre pays ».
En outre, GVBOT a déclaré que les chemins de fer canadiens transportent des marchandises d’une valeur de 1 milliard de dollars par jour et a averti qu’une grève nationale des chemins de fer pourrait paralyser l’économie canadienne.
« En l’absence d’un accord à la table de négociation, nous demandons au gouvernement du Canada d’être prêt à utiliser tous les outils à sa disposition pour garantir que notre réseau ferroviaire soit de nouveau opérationnel le plus rapidement possible afin que les Canadiens ne souffrent pas aux mains de quelques-uns », a déclaré le président de GVBOT.
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